En ce 22 aout, fête de Marie Reine, la France va être consacrée aux Cœurs unis de Jésus et de Marie par Mgr Benoît Rivière à Paray-le-Monial. Cette année 2022 est marquée à la fois par le centenaire de la consécration de notre pays à Notre-Dame de l’Assomption, patronne principale de la France. C’est aussi le centenaire de la proclamation de Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France. Son anneau porte les inscriptions « Jésus Marie ».

Nous allons réfléchir ensemble sur les Cœurs unis de Jésus et de Marie : sur le Cœur Sacré de Notre Seigneur Jésus Christ, sur le Cœur Immaculée de la Ste Vierge Marie et sur le lien qui les unit d’une manière unique. Ces deux cœurs battent à l’unisson. Le premier Cœur est la source de l’amour divin, l’autre Cœur est le foyer le plus ardent de l’amour humain. Un cœur qui est source du don. L’autre Cœur, celui de Marie, qui entre dans la réceptivité totale du Cœur de Jésus, qui est tout entier tournée vers ce Cœur sacré, qui est attentif à sa soif des cœurs, qui s’offre en union avec le Cœur de Jésus.

Lorsque deux cœurs s’aiment, chacun aime ce que l’autre aime. Chacun souffre de ce qui fait souffrir l’autre. Ce qui anime le Cœur de Jésus, Jésus le communique à Marie. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont unis par un lien de charité qui dépasse ce qu’on expérimente naturellement dans les liens de sang, et même dans les belles et nobles amitiés racontées dans les histoires bibliques, dans les vies des saints… Il existe tant de témoignages héroïques où une personne est prête à tout offrir, voire tout sacrifier, pour rester proche de la personne bien aimée. Mais le lien entre les Cœurs de Jésus et de Marie est plus profond, plus intense. Ces Cœurs sont purs, saints, remplis de l’Esprit Saint. Leur vocation est unique. Nous voulons analyser ce lien unique qui les lient l’un à l’autre…

Nous prenons ici le cœur au sens biblique, comme la source de tout amour impliquant à la fois ce que nous appelons la volonté et l’intelligence, s’enracinant dans toute l’affectivité sensible. Ce cœur, quand il s’agit du Cœur du Christ, n’est plus seulement le cœur de l’homme mais le Cœur de l’homme-Dieu; et, par le fait même, ce Cœur est aussi la plénitude de la charité. Le cœur de Marie est le Cœur immaculé de la seule créature qui ait été conçue et soit restée sans tache : c’est le cœur infiniment sensible au désir et aux sentiments du Cœur de Jésus et par la suite des nôtres.

St Jean Eudes, le saint du Cœur de Jésus, contemple l’union parfaite de Jésus et de Marie : « Tout ce que le Cœur de Jésus aime, le Cœur de Marie l’aime ; ce que le Cœur de Jésus hait, le Cœur de Marie le hait. Ce qui réjouit le Cœur du Fils, réjouit le Cœur de la Mère ; ce qui crucifie le Cœur du Fils, crucifie le Cœur de la Mère. » Il affirme : « Nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni si parfaitement. Qui voit Jésus, voit Marie ; qui aime Jésus, aime Marie. » C’est par ces Cœurs unis en tout, et continuellement blessés par l’ingratitude des hommes, que le salut des nations se fera et que l’Église se renouvèlera, retrouvant son unité et sa gloire. L’unité de l’Église trouve sa source dans la communion Trinitaire. Cette communion se manifeste de manière visible par l’union de ces Cœurs ! En contemplons le lien entre ces Cœurs, en se consacrons à eux, alors le règne du Cœur de Marie fera s’épanouir celui du Sacré-Cœur. Ad Jesum per Mariam ! C’est ainsi qu’au XVIIe siècle apparaît la dévotion aux Cœurs unis de Jésus et de Marie, sous l’impulsion de saint Jean Eudes.

Quelques décennies plus tard, saint Louis-Marie Grignon de Montfort (1673-1716), l’un des plus grands Docteurs marials de l’Église, contribuera grandement à faire connaître et aimer le Cœur de Marie. Il insistera, lui aussi, sur ce lien étroit entre Jésus et sa sainte Mère : « Étant donné que Marie est la créature la plus conforme à Jésus Christ il s’ensuit que, parmi toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme davantage une âme à Notre Seigneur est la dévotion à Marie, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle sera consacrée à Jésus Christ. »

L’Église a institué la fête du Cœur immaculé de Marie le lendemain de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus. Cela montre encore une fois, le lien très étroit entre les deux dévotions. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont tellement liés qu’ils ne peuvent être séparés l’un de l’autre. Le seul et unique désir de la Vierge est de nous conduire à son Fils et de nous offrir à Lui. C’est par Elle que le Verbe est venu dans le monde et c’est par Elle que nous pouvons aller plus parfaitement vers Lui. Comme affirme Grignon de Montfort : « C’est par la très sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde. »

Après ce bref rappel des origines de la dévotion aux Cœurs unis de Jésus et de Marie, revenons aux textes de l’Évangile pour comprendre le rôle de Marie, Mère de Jésus et éducatrice de son sacré Cœur, puis de Marie comme avocate à Cana, ensuite comme co-rédemptrice et médiatrice de toute grâces en devenant Mère de tous les hommes au pied de la Croix et en recevant dans son Cœur immaculé le cri de soif du Cœur de Jésus. Nous rappellerons aussi le lien entre Marie et l’Eucharistie et nous évoquerons le message des deux Cœurs à Fatima. Enfin nous proposerons la démarche de consécration de nos cœurs et de l’Église à ces Cœurs unis.

Marie, mère de Jésus et éducatrice du Cœur de Jésus

Pour mieux comprendre le rôle de Marie dans l’Église et en nous, regardons ce qu’elle a fait pour Jésus. Marie a donné à Jésus son corps et son sang. Dieu lui a donné son âme et sa divinité.

Marie est d’abord la Mère de l’enfant Jésus. Cela veut dire que Marie a connu les joies, les peines, la fatigue d’une mère, comme les autres. Certes Jésus n’a jamais commis de péché (pas de colère, pas de désobéissance, ni de mensonge…). Mais cela n’enlève pas le rôle de Marie dans l’éducation de son fils. Si l’évangile dit que Jésus grandissait en taille et en sagesse, c’est que sa mère était là pour s’occuper de Jésus dans tous ses besoins. Marie a enseigné à Jésus la lecture, l’écriture, les Traditions de son peuple et les grandes histoires bibliques.

Mais l’enfant Jésus n’est pas seulement vrai homme, il est aussi vrai Dieu, cela en une seule personne. Jésus a pris conscience de sa divinité et de sa mission de Sauveur au fur et à mesure qu’il en était capable, en fonction de son âge, de sa conscience. Le rôle de Marie a donc été d’éduquer la volonté humaine de l’enfant Jésus de sorte que celle-ci murisse en conformité avec la volonté divine. Grâce à l’annonce de la prophétesse Anne, Marie a vite compris que Jésus devrait souffrir pour réconcilier les hommes à Dieu. C’est elle qui a dû l’enseigner à Jésus, cela sous l’inspiration de l’Esprit Saint.

Comme le dit Montfort : Marie est le moule de Dieu . On peut dire : le Cœur de Marie a été le moule du Cœur de Jésus. Le thème du cœur, organe physique symbolisant le siège des facultés spirituelles, évoque parfaitement l’unité indissociable entre le corps et l’âme, que l’Église a toujours défendu. En nous, à cause du péché et de ses séquelles, cette unité corps – âme est parfois mise à mal ; mais en Jésus, il y a une parfaite harmonie entre le corps et l’âme. Ainsi, en formant en elle le corps de Jésus, Marie participe à la réalisation de cette harmonie parfaite qu’est l’humanité de Jésus, harmonie parfaite entre le corps et l’âme, mais aussi harmonie parfaite entre la nature humaine et la nature divine, la nature humaine qu’elle transmet et la nature divine du Verbe.

Jésus est l’homme-Dieu : son Esprit est l’Esprit Saint Lui-même. Marie n’est pas Dieu, mais son Cœur s’est laissé totalement façonner par l’Esprit Saint, comme le dit l’évangile : « L’Esprit viendra sur toi, la Puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. » Jésus et Marie ont en commun l’Esprit Saint, même si leur rapport avec l’Esprit est évidemment très différent. C’est donc grâce à l’Esprit Saint que la sensibilité humaine de Marie est en parfaite harmonie avec celle de son Fils. Marie comprend que le Cœur de Jésus est le Temple de l’Esprit Saint. Plutôt, l’Esprit Saint a construit ce Temple merveilleux qui est le Cœur de Jésus, le Saint des saints. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu, de l’unité avec le Père.

Marie, comme toute mère, a donc participé à l’éducation du Cœur de son Fils ; par tous les gestes de sa tendresse maternelle au quotidien, elle était un exemple pour Lui. Mais si Marie a éduqué Jésus, c’est parce qu’elle a d’abord été éduquée par Lui : Marie enfant, présentée au Temple, s’était laissé instruire par la Parole de Dieu – et la Parole de Dieu, c’était déjà Jésus. C’est d’ailleurs l’éloge que Jésus fera de sa Mère : « Heureuse la mère qui t’a porté », lui dit-on, mais Il répond : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » Marie enceinte, adorant le Fils de Dieu en elle, se laissait conduire par cette Présence réelle, qui la poussait par exemple à rendre visite à sa cousine Élisabeth ; Marie Mère, à chaque fois qu’elle posait un geste d’amour pour Jésus, ouvrait toujours plus largement son Cœur à l’influence du Cœur de Jésus.

Marie Avocate à Cana

Aux noces de Cana, Marie interpelle son Fils sur le manque de vin. « Ils n’ont plus de vin », c’est-à-dire, « ils n’ont pas assez d’amour pour vivre ensemble »… Jésus répond : « mon heure n’est pas encore venue » : il s’agit de l’heure de la Passion, l’heure où son Cœur transpercé deviendra la source de tout amour divin pour l’humanité. Ce Cœur n’est pas encore sur la Croix. Néanmoins, quand Marie interpelle les serviteurs : « faites tout ce qu’il dira », nous comprenons jusqu’où va l’union entre ces cœurs. Marie savait ce que Jésus allait honorer sa demande. Et Jésus opère le signe, non pas contre son gré, mais librement, car Marie le demande. L’œuvre de la Rédemption est engagée publiquement, grâce à Jésus, par l’intercession de Marie. Voilà l’Alliance des cœurs entre de Jésus et de Marie.

St Louis Grignon de Montfort raconte l’histoire du pauvre paysan qui veut donner des fruits de sa récole au roi, mais qui n’ose pas le faire devant la pauvreté de son offrande. Il demande alors à la reine de prendre son humble cadeau et de l’offrir au roi en son nom. La Reine dépose le présent sur un plateau en or et l’offre personnellement au roi qui ne peut rien refuser à la reine. Voilà la médiation infaillible de la Sainte Vierge à l’égard de nos demandes : Marie dépose toutes nos demandes sur le plat d’or qu’est son cœur, et les présente à Jésus. Montfort compare aussi la Vierge Marie à Rebecca, la mère de Jacob et Ésaü, qui revêt sur la peau imberbe de Jacob une toison de bête, pour lui donner le caractère de la peau poilue d’Ésaü : de la même façon, quand nos prières passent par le Cœur de Marie, Marie les revêt d’un caractère nouveau, d’une force que nous ne savons pas leur donner nous-mêmes, et qui plaît au Père. Voilà un des aspects de la médiation de Marie : Marie, qui est humaine autant que nous, mais mieux que nous car exempte de tout péché, connaît tous nos désirs humains, mais en elle nos désirs sont plus purs et plus forts, et c’est ainsi qu’elle les présente au Père.

Marie exerce cette médiation ascendante, de nous à Dieu, mais aussi une médiation descendante, de Dieu à nous : en disant « Faites tout ce qu’Il vous dira », elle prépare le terrain de notre cœur à recevoir les paroles de son Fils. Elle ne donne pas un ordre précis, elle ne sert pas d’intermédiaire entre Dieu et nous ; mais elle nous prépare à recevoir toute parole qui sortira de la bouche de Dieu. Elle nous apprend à être, comme elle, disponible à toute volonté de Dieu : « Que tout m’advienne selon ta parole. »

Marie co-rédemptrice au pied de la Croix

Marie n’a pas eu un rôle de « mère porteuse », si j’ose dire (en mettant au monde un être qui est fils de Dieu). En plus de l’éducation donnée, Marie a participé à la mission de Jésus d’une manière singulière. Marie suivra Jésus jusqu’à la croix : « je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donné soient aussi avec moi » (Jn 17, 24). Toutes les paroles de Jésus s’appliquent d’abord à sa Mère Marie.

Arrêtons-nous sur la souffrance de Jésus et la compassion douloureuse de Marie. Les Pères de l’Église ont toujours dit que Jésus, dans les sommets de son âme humaine, était dans la vision béatifique. Le mystère de Jésus à la Croix est un holocauste parfait, mais il avait devant lui, d’une manière mystérieuse, la vision de Dieu et de son plan de salut.

Marie, elle, participe à cet holocauste, mais dans la foi et non dans la vision ; en cela, elle est la figure de l’Église. Les promesses de l’archange semblent pourtant loin de se réaliser : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » En fait de trône, Jésus est fixé sur la croix, et sa couronne est une couronne d’épines.

Mais Marie se tient, debout, au pied de la croix, espérant contre toute espérance ; elle adhère au plan de salut de Dieu, même quand toutes les apparences devraient la conduire à la révolte ou au désespoir. Jésus a la vision de Dieu et non pas la foi ; Marie, elle, a la foi : en cela, on peut dire qu’elle achève ou qu’elle complète l’offrande de Jésus, non pas parce que le sacrifice de Jésus serait incomplet, mais parce que ce sacrifice appelait une réponse, cette réponse qu’est la foi, et c’est Marie qui, plus que tout autre, fournit cette réponse.

Le Cœur de Marie, réceptacle de la soif du Cœur de Jésus

Marie reçoit le cri de Jésus « j’ai soif » comme une flèche transperçant son Cœur. À l’école du Cœur de Marie, nous apprenons nous aussi à recevoir ce cri du Cœur de Jésus, cet « appel à l’amour », comme le disait Josefa Menendez ; et nous apprenons à répondre à ce cri d’appel par notre présence silencieuse – en particulier lorsque nous allons, de corps et de cœur, tenir compagnie silencieusement au Cœur de Jésus dans le Saint Sacrement. Sans Marie, nous ne pouvons pas entendre ce cri d’appel, car notre cœur n’est pas assez « accordé » au Cœur de Jésus ; et sans Marie, nous ne pouvons pas non plus y répondre, car nous sommes tentés de répondre par l’action – pour ne pas dire : par l’agitation – là où Jésus attend d’abord de nous la compassion, c’est-à-dire le fait d’accorder notre cœur au diapason du sien, comme l’était le Cœur de Notre Dame des Douleurs.

Marie Mère de l’Église et médiatrice de toutes grâces

« Voici ton fils. » Pour nous, cette parole que nous connaissons bien est consolante ; mais remettons-nous un instant à la place de Marie. Alors qu’elle n’a d’yeux que pour son Fils, alors que tout son Cœur est empli de la souffrance de son Fils, Marie s’entend dire, à propos de Jean : « Voici ton fils. » Jésus lui demande de recevoir dans son Cœur de Mère un autre enfant à la place de son enfant ; c’est comme un glaive qui transperce son amour maternel, comme l’avait prophétisé Syméon. Marie doit élargir sa maternité à tous les disciples bien-aimés de Jésus.

Jean, de son côté, reçoit de Jésus Marie pour Mère. Jean était tout à Jésus, et Jésus lui demande de prendre chez elle Marie. En devenant un fils de Marie, Jean devient un frère de Jésus. Ainsi, en prenant Marie chez lui, Jean ne se détourne pas de Jésus, bien au contraire : de disciple, il devient frère. Et en saint Jean, c’est bien sûr toute l’Église des disciples qui est représentée. Pour les disciples que nous sommes, Marie n’enlève rien au rôle unique de Jésus ; Marie ne fait pas obstacle à Jésus ; au contraire, Marie nous aide à nous unir toujours plus intimement à Jésus, unique Médiateur.

Saint Ambroise fait remarquer que « de même qu’Ève a été formée du côté d’Adam endormi, ainsi l’Église est née du cœur transpercé du Christ ». Saint Bernard insiste en disant que le glaive a atteint le Cœur de l’Agneau alors que Jésus était déjà mort. Cette ultime blessure, ce n’est pas Jésus qui en souffre, puisqu’Il est déjà mort ; cette blessure de plus, cette blessure « de trop », c’est Marie qui en souffre. La lance qui transperce le corps de Jésus transperce en même temps le Cœur de Marie. Comme le dit saint Bernardin de Sienne : « En même temps que le Fils sacrifiait son corps, la Mère sacrifiait son âme. » En cela encore, Marie est figure de l’Église : toutes les souffrances que nous subissons aujourd’hui, nous les baptisés, toutes ces souffrances n’ajoutent rien à la Passion de Jésus, qui s’est déjà réalisée une fois pour toute. Toutes ces souffrances semblent donc inutiles. Mais Marie nous apprend à les offrir, à notre tour et en passant par son Cœur immaculé douloureux, pour compléter cette réponse de foi que la Passion de Jésus appelle. Le Cœur douloureux de Marie nous apprend ce qu’est la vie baptismale. Saint Paul dit : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. » Marie au pied de la croix nous apprend cette mort mystique, cette mort qui se réalise au fond du cœur en union avec le Cœur de Jésus.

Du Cœur transpercé de Jésus jaillissent du sang et de l’eau, figure des sacrements de l’Église. Mais puisque Jésus est mort, c’est Marie qui, à cet instant, est le réceptacle de ce mystère. En recevant le sang et l’eau, Marie reçoit l’Église du Cœur de Jésus. Elle devient la médiatrice de toutes les grâces qui jaillissent du Cœur de l’Agneau.

Selon saint Bernard, Marie est « aqueduc » : elle reçoit la grâce pour nous la communiquer. Mais Marie est aussi notre Mère, et la maternité est bien plus qu’un canal, qu’un intermédiaire inerte. La mère n’est pas seulement le canal de la vie pour ses enfants : en un sens, elle en est aussi la source, non pas parce qu’elle est elle-même créatrice de vie, mais parce que notre vie personnelle ne commence à exister qu’en elle ; notre vie ne commence à jaillir qu’en elle. En recevant la grâce du côté de Jésus, Marie est un canal ; mais en la communiquant à notre âme, elle est aussi, pour nous, une source de la grâce, comme le dit le Cantique des cantiques, qui donne à la Femme ce beau titre de « Source scellée » (Ct. 4,12).

Marie, Mère de l’Eucharistie

St Jean Paul II disait : « La piété du peuple chrétien a toujours vu un lien profond entre la dévotion à la Sainte Vierge et le culte de l’Eucharistie… Marie conduit les fidèles à l’Eucharistie » . D’où vient ce lien si fort ?

Tout d’abord, saint Pierre Damien : « Ce corps que la très bienheureuse Vierge a engendré, a nourri dans son sein avec une sollicitude maternelle, ce corps dis-je, celui-là et pas un autre, nous le recevons à présent du saint autel et nous en buvons le sang comme sacrement de notre rédemption. » Et saint Bonaventure ajoute : « Jésus est la fleur qui s’épanouit sur la tige de Jessé : si vous voulez cueillir cette fleur bénie, penchez par vos prières la branche qui la porte, et ne cherchez Jésus-Eucharistie que sur le sein virginal de Marie ».

Marie est la cause originelle, radicale de l’Eucharistie ; car en recevant le corps de Jésus, nous recevons la substance qu’il a reçue de Marie qui en est le premier fondement. En offrant au Père son Corps et son Sang en « action de grâce » – c’est le sens du mot « eucharistie » –, Jésus rend grâce au Père pour le Corps qu’Il a reçu de Marie, et Il n’a rien à offrir de plus que ce qu’Il a reçu de Marie : c’est le plus bel hommage qu’Il pouvait faire à sa Mère. En ce sens-là, Marie est la première concernée par le mystère eucharistique : c’est elle qui en fourni la matière. Mais en retour, ce qu’elle reçoit est un trésor sans prix : le Corps divin de Jésus. Marie a offert son corps et son sang de créature pour accueillir le Verbe de Dieu ; elle reçoit en retour le Corps et le Sang de Dieu le Créateur.

« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » L’eucharistie est le « jusqu’au bout » de l’amour de Jésus, elle est son testament : « Vous ferez cela en mémoire de Moi. » Et en effet, le dernier acte du sacrifice de Jésus sur la croix sera le Cœur transpercé d’où jaillit le sang de la Rédemption. Marie au pied de la croix nous aide à comprendre le sens de l’Eucharistie : le Corps d’où jaillit le sang, c’est le Cœur de l’Agneau, sur l’autel de la croix comme sur l’autel de la messe ; à la messe, c’est le Cœur de l’Agneau qui nous est donné ; l’Agneau nous donne son Cœur, comme l’époux donne son cœur à l’épouse lors d’un mariage : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau. » À la messe, Jésus nous donne son Cœur pour que nous ne fassions plus qu’un avec Lui.

Et Marie, au pied de la croix, a vécu cette union totale de son Cœur au Cœur de Jésus, cette union qui nous est donnée dans le mystère eucharistique. Marie pourrait dire avec saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga. 2, 20). Et nous aussi pouvons le dire à chaque fois que nous recevons en état de grâce la sainte communion, selon la promesse même de Jésus : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6,56). Marie, par son union intime avec le Cœur de Jésus, réalise au plus haut point l’union de charité qui est le fruit et le but de la communion eucharistique. La même vie anime le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ; la même vie et le même amour : c’est l’Esprit Saint.

A Paray le Monial, Notre Seigneur, exposé dans l’ostensoir, apparait à sainte Marguerite Marie en présentant son Cœur tantôt comme une « ardente fournaise », une « source intarissable » d’amour, tantôt comme un cœur couronné d’épines. L’Eucharistie n’est pas une chose, mais une personne, un cœur qui « brûle du désir d’être aimé ». Il dit : « J’ai soif, mais d’une soif si ardente d’être aimé des hommes au Saint-Sacrement, que cette soif me consume ». Ou encore « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour ».

Cette reconnaissance aimante que Jésus attend de nous, Marie en est le modèle. Comme Marie nous a appris à entendre le cri d’appel du Cœur de Jésus en croix, elle nous apprend à entendre le cri d’appel du Cœur de Jésus Hostie. Marie éduque notre cœur pour le rendre capable de comprendre le mystère du Cœur eucharistique de Jésus. Et comme Marie a voulu se laisser entièrement façonner par le Cœur de son Fils, elle nous apprend à nous laisser façonner par le Cœur eucharistique. Marie a vécu dans une totale dépendance au Cœur de Jésus, comme nous devons vivre en totale dépendance à la sainte eucharistie ; mais nous ne parviendrons à cette dépendance, à ce détachement total de tout ce qui n’est pas Jésus, qu’en passant par le Cœur immaculé de Marie. Et à l’inverse, nous ne parviendrons à cette ressemblance avec le Cœur de Marie qu’en nous laissant modeler par l’Esprit Saint qui nous est communiqué par le sacrement de l’eucharistie. C’est un progrès sans fin dans l’amour : Marie nous apprend à vivre de l’eucharistie, l’eucharistie nous conforme à la ressemblance du Cœur de Marie ; et l’une comme l’autre – le Cœur de Marie et l’eucharistie – n’ont de toute façon pas d’autre vie que la vie de Jésus.

La bienheureuse Dina Bélanger évoque ce lien des cœurs de Jésus dans l’Hostie et de Marie par cette vision du 4 juin 1928 : « Notre-Seigneur, Homme-Dieu, me fit voir son Cœur adorable dans l’Hostie sainte… Toutes les lumières de l’Hostie et toutes les flammes du Cœur de Jésus passaient par le Cœur immaculé de la Très Sainte Vierge… Notre-Seigneur me fit voir ensuite, un peu au-dessous de lui et de sa Mère très pure, toutes les religieuses de Jésus-Marie réunies comme dans une plaine. Les lumières de l’Hostie et les flammes de son Cœur Sacré, passant par le Cœur de la Sainte Vierge, descendaient sur les religieuses de notre Congrégation et, des religieuses, elles rayonnaient sur une multitude incalculable d’âmes qui, de tous côtés, les entouraient à perte de vue et se tenaient tournées vers elles. Notre-Seigneur me dit : Mon cœur déborde de grâces pour les âmes. Amenez-les à mon Cœur Eucharistique. De plus, la Très Sainte Vierge attirait toutes les âmes vers elle pour les conduire au Cœur eucharistique. Enfin, je vis une multitude innombrable d’anges autour du Cœur eucharistique, une multitude aussi à perte de vue. En leur langage céleste, ils répétaient : Gloire au Roi Immortel des siècles ! »

Les Cœurs unis dans les apparitions mariales

En 1830, lors des apparitions de la Rue du Bac, les Cœurs du Fils et de sa sainte Mère sont également apparus l’un à côté de l’autre. C’est sur ce modèle que la Vierge Marie a demandé à sainte Catherine Labouré de faire frapper une médaille. Sur la face, Marie est représentée écrasant la tête du serpent. Elle se tient sur le globe de la terre. Sur les mains de Marie se trouvent des bagues avec des pierres précieuses, représentant les trésors spirituels que Dieu a confiés à Marie. De là, des rayons descendent sur l’humanité. Mais Catherine remarque que de certaines bagues ne descendent rien. Marie explique : c’est toutes les fois où je veux bénir mes enfants avec des grâces divines, mais ils oublient de me demander. Sur le revers, figurent la lettre « M », surmontée d’une croix, ainsi que les deux Cœurs : celui de Jésus entouré d’une couronne d’épines, et celui de la Vierge, transpercé d’un glaive selon la prophétie de Siméon en Luc 2, 35.

Près d’un siècle plus tard, en 1916, des apparitions étonnantes se dérouleront à Fatima. Je les présenterai brièvement en trois temps : d’abord l’ange de la paix parle aux trois bergers du Cœur de Jésus dans la Sainte Hostie, outragé par l’indifférence des hommes. Puis les apparitions de Marie sur les combats de l’Église. Enfin le grand miracle du soleil à teneur eucharistique.

L’ange de la paix veut attirer l’attention des enfants sur un drame dans l’Église : le manque de respect envers la présence de notre Seigneur dans la Sainte Hostie. Pour recevoir dignement le Cœur de Jésus dans l’Eucharistie, il faut être en état de grâce : avoir la foi, l’espérance et la charité :
• La foi que Jésus est vraiment présent sous les humbles apparences du pain. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour respecter au mieux les saintes apparences, qui sont miraculeusement maintenus en existence par le Cœur de Jésus pour se donner en nourriture et pour rester dans tous les tabernacles comme notre compagnon de route jusqu’à la fin des temps.
• L’espérance et la charité pour désirer vivement s’unir au Christ et vivre de sa vie en abandonnant ce qui s’oppose aux commandements de Dieu dans notre vie.

L’ange se place en adoration devant l’Hostie et apprend aux enfants une prière de réparation : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». Puis, se relevant, il prit de nouveau dans ses mains le Calice et l’Hostie. Il me donna la Sainte Hostie et partagea le Sang du calice entre François et Jacinthe en disant en même temps : « Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. »

Depuis plusieurs années, nous avons perdu le sens de la Réparation. Mais dans les siècles passés, celle-ci faisait partie de la vie spirituelle de tout chrétien. Rappelons que la Basilique du Sacré-Cœur a été construite suite à un vœu national, « en réparation » des crimes commis pendant la révolution. Pour les catholiques de l’époque, les malheurs de la France provenaient de causes spirituelles plutôt que politiques. Il fallait donc offrir au Cœur du Christ un amour incessant par l’adoration perpétuelle pour contrebalancer les trahisons contre sa personne, contre son Église et contre tant d’innocents pendant cette période de terreur. Aussi, lorsque saint Pierre-Julien Eymard, l’apôtre de l’Eucharistie, apprenait qu’une Hostie avait été profanée, sa réaction immédiate était de passer une nuit entière en Réparation devant le Saint-Sacrement. Aujourd’hui encore, lorsqu’un tabernacle est profané et des hosties volées, on organise un temps d’adoration eucharistique prolongé « en réparation ». Aujourd’hui, tant de communions sacrilèges, ou simplement d’indifférence et d’ingratitude du peuple de Dieu envers le doux Sauveur qui se donne sans compter dans la sainte Hostie. Récemment, nous avons douloureusement constaté tant d’abus et d’irrespect envers l’Eucharistie pendant l’épidémie : en voulant se protéger à tout prix du virus, nous avons négligé le respect dû à la personne de Jésus réellement présent dans l’Eucharistie, en donnant par exemple la communion souvent indignement, comme avec des gants, sans aucun geste de vénération…

Le Magistère rappelle à toute l’Église : « L’Église et le monde ont un grand besoin de culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes du monde. Que notre adoration ne cesse jamais… » .

Puis, à Fatima, le Cœur immaculé de Marie prend une place croissante dans les révélations successives de la voyante Lucie, culminant dans la petite phrase « A la fin, mon Cœur immaculé triomphera » La bienheureuse Jacinthe de Fatima disait, en unissant les deux Cœurs : « Si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde le feu que j’ai là dans ma poitrine, et qui me brûle et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le cœur de Marie ! » Après avoir transmis aux enfants plusieurs messages sur l’importance de la prière du chapelet et sur les fins dernières, Marie les invite pour l’ultime apparition.

Une pluie violente tombait sur Fatima, signe des larmes qui coulent sur nos visages à cause de l’inhumanité de l’homme envers l’homme. La boue avait tout recouvert, comme la corruption sur notre monde. Puis soudain, un miracle : le soleil commença à tourner, avec des rayons de toutes les couleurs réchauffant la terre. La pluie s’arrêta, la boue disparut et tout devint radieux comme si rien n’avait été mouillé ni boueux quelques secondes auparavant. Soixante-dix mille personnes ont été témoins de cet événement prodigieux, rapporté par la presse. D’une part, cela se réalise aujourd’hui dans l’Eucharistie. D’autre part, le fait extraordinaire prédit la manifestation glorieuse de Jésus, l’Agneau vainqueur. Un jour, il ne demeurera plus caché au tabernacle, mais tous le verront de leurs yeux. Les rayons de couleurs évoquent la richesse des grâces eucharistiques que nous recevons dès à présent, dans l’attente de cette prophétie : « Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu… Voici la demeure de Dieu avec les hommes… Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort il n’y en aura plus, de peur, de cris, de peines, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 1-4).

Sens de la consécration

Consacrer signifie appartenir à Dieu, « réserver pour Dieu », selon la parole de Jésus : « vous êtes dans le monde, mais pas du monde » (Jn 15, 19). Le jour de notre baptême, nous avons été consacrés à Dieu. En d’autres mots, nous appartenons à Dieu et non plus au monde. Nous avons été rachetés par Jésus sur la Croix et désormais nous sommes son bien propre. Le baptisé est un consacré. Voici comment Pie XII expliquait ce qu’était une consécration : « La consécration est un don total de soi, pour toute la vie et pour l’éternité : c’est un don non de pure forme ou de pur sentiment, mais effectif, accompli dans l’intensité de la vie chrétienne. »

Cette consécration du baptême peut prendre une tournure mariale : « En mettant sous l’égide de Marie vos activités personnelles, familiales, nationales, vous invoquez sa protection et son aide sur toutes vos démarches, mais, vous lui promettez aussi de ne rien entreprendre qui puisse lui déplaire et de conformer toute votre vie à sa direction et à ses désirs. » Saint Louis Marie Grignion de Montfort enseigne : « Ainsi, se consacrer à Marie, c’est très précisément la choisir comme Mère, non pas seulement pour la protection physique de nos personnes, mais plus encore et d’abord pour lui conférer en propre la plénitude de la puissance maternelle sur notre âme. La mère, dans la famille humaine, a pouvoir sur ses enfants. Elle les protège de deux manières. En écartant d’eux les périls et les menaces, sans même parfois qu’ils le sachent. En les conseillant et en les guidant aussi, pour qu’ils fassent bon usage de leur liberté. »

Si une personne se consacre aux Cœurs unis de Jésus et de Marie, elle promet de suivre librement Jésus et Marie et de vivre en suivant la loi de Dieu. Lorsqu’une personne se consacre aux Cœurs unis de Jésus et de Marie, elle se donne entièrement à Jésus par Marie. Par son acte, elle reconnaît à Jésus et Marie un entier et plein droit de disposer de tous ses biens pour le triomphe de l’Église. Se consacrer aux Cœurs unis, c’est entrer dans l’Alliance de ces cœurs, aimer ce qu’ils aiment, fuir ce qui leur fait horreur et être prêt à tout pour participer au salut de l’humanité. Offrir et souffrir avec ces cœurs pour la gloire de Dieu et le salut du monde…

Conclusion

Devant le monde défiguré, abimé, sale, le Cœur immaculé brille comme un modèle, un espoir. Elle a mieux aimé que les plus ardents. Ce cœur est beauté pour notre monde.

Ce cœur de Marie est marqué par la vertu de la douceur, qui vient de la douceur même de Dieu. La douceur de Marie participe à la douceur divine. Il est comme la brise pour Elie qui reconnait Dieu et se prosterne devant lui dans sa grotte. Elle ne bouscule pas, attend les pécheurs, respecte notre liberté. Par elle, l’amour et la douceur sont venus sur la terre.

Marie vit entièrement dans son Cœur. Elle est si recueillie avec le Verbe de Dieu en elle. Sa vie intérieure devient le modèle des croyants. En elle, la Parole reçue s’incarne : le Verbe se fait chair en Marie.

Il faut donc voir l’âme de Jésus et de Marie totalement unies : les deux Cœurs ne font qu’un : ils respirent en même temps, ils regardent Dieu en même temps, ils battent à l’unisson. Quand Jésus veut donner une grâce à quelqu’un, il n’a pas besoin de faire comme à Cana dans la vie voyagère. Au Ciel, ils ne font qu’un. Un seul influx de grâce vient de Jésus par Marie. Jésus a voulu les médiations. Il a voulu que sa grâce soit colorée par Marie d’une façon particulière. Il associe ses créatures à son œuvre de médiation, et d’abord sa Mère. Elle n’est pas un intermédiaire de séparation, mais leurs actions sont communes. Nous vivons avec Marie comme nous vivons en Jésus. Ces deux Cœurs sont unis : l’un est adoré éternellement ; l’autre est béni éternellement.

Je conclus avec Mgr Jérôme Beau, évêque de Bourges : « Aller jusqu’au Cœur du Christ, se laisser conduire par le Cœur de la Vierge Marie, c’est aller jusqu’au fond de nous-mêmes, jusqu’à l’intimité de notre être : Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes, et son cœur au fond de nous apprend à notre cœur ce que c’est qu’aimer, se donner, ce que c’est qu’aimer dans un acte libre qui transforme le monde, mais dont la loi de l’amour est celle du don total, du don infini, du don de miséricorde ».